Des cinglés, à n’en pas douter. À commencer par Pedro Parral qui creuse des trous pour goû-ter la terre, toujours à la recherche des meilleurs terroirs. Dans l’histoire du vin, personne n’a passé autant de temps à étudier les « calicatas » (les fosses qu’il creuse dans les vignobles – il a creusé 22 000 fosses au cours de sa carrière relativement brève); personne n’a autant songé aux relations qui existent entre le terroir et la structure, les arômes et les saveurs du vin et personne n’a apporté une aussi grande contribution à la nouvelle science que représente la viticulture de précision. Sa capacité à prédire les caractéristiques d’un vin qui n’a pas encore été produit en se basant sur ses observations relatives à la profondeur, à la complexité et à la porosité du sol dans diverses parties d’un vignoble est tout simplement extraordinaire. Depuis 2009, Pedro Parra ne cesse de se hisser dans le palmarès des 50 personnalités du vin les plus influentes (Top 50 Power List), dressé par le magazine Decanter. Il figure parmi les huit consultants au monde en matière de terroir viticole (les autres sont tous Français), en plus d’avoir considérablement contribué au renouveau viticole du Chili. La liste de ses consultations se décline comme un véritable bottin mondain; en effet, les meilleures exploitations viticoles du Chili y figurent, notamment Concha y Toro, Montes, Casa Lapostolle, Matetic, De Martino, Amayna, Luis Filipe Edwards, Santa Carolina, William Fevre et Errazuriz. En Argentine, il s’est associé à Alberto Antonini, Attilio Pagli et Antonio Morescalchi pour fonder l’exploitation Altos las Hormigas à Mendoza; il a agi également à titre de consultant pour Zuccardi et Chakana, aux côtés d’Alberto Antonini. Pedro et Alberto collaborent également sur divers projets en Uruguay, en Italie, en Arménie et en Bourgogne, de même qu’à Sonoma, et à Okanagan Crush Pad, en Colombie-Britannique. Au Chili, Pedro s’investit dans deux projets personnels : Aristos, en collaboration avec son ami de longue date, François Massoc (qui est Chilien en dépit de son nom français et qu’on surnomme « le vigneron marginal ») et le vicomte Louis-Michel Liger-Belair du Domaine du Comte Liger-Belair à Vosne-Romanée; ainsi que Clos des Fous (voir ci-dessous). CLOS DES FOUS Albert Cussen et Paco Leyton gèrent le domaine, François Massoc en est l’oenologue. Avec tant d’associés brillants, comment s’étonner que le Clos des Fous soit un des domaines les plus prestigieux du Chili ? Le domaine est situé dans la vallée du Bío Bío, une région fraîche du Chili et une des plus aus-trales. Mais la recherche du meilleur terroir a mené Pedro dans toutes les régions du Chili, tou-jours à la recherche des terroirs d’exception : à Itata, Cauquenas, Malleco, tout au sud, et Alto Cachapoal. L’idée consiste plutôt à découvrir (ou à redécouvrir) et à célébrer de grands terroirs inconnus à travers le Chili — un pays vaste et éclectique — qui regorgent de vitalité, d’unicité et de potentiel inexploité, à l’instar de ceux de Biobío. Clos des Fous est un projet extrêmement passionnant, axé sur la revitalisation de vignobles très anciens, cultivés selon les principes de l’aridoculture et sur la plantation de nouveaux vignobles dans les conditions les plus difficiles et les plus spectaculaires qui soient. C’est le nec plus ultra en matière d’avant-garde; on associe la viticulture extrême et l’agriculture biologique et biodynamique à la vinification non interventionniste afin de révéler le véritable potentiel du Chili, que Hugh Johnson qualifie comme étant « le pays le plus choyé au monde sur le plan de la viticulture ». Clos des Fous se situe à l’avant-garde du nouveau Chili, grâce à ces cépages issus de vieilles vignes (dont le malbec, le pais, le carignan et le cinsault) cultivées dans une variété incroyable de terroirs inconnus dans les régions d’Itata, de Malleco, de Cauquenas et d’Alto Cachapoal.